Témoignages


À l’école on me traitait de « broute gazon », « bouffeuse de minous ». Ces mots blessants ont fait le tour de la région en très peu de temps, si bien que des collègues de travail de mon frère sont venus le voir pour lui faire des réflexions méchantes en disant que sa sœur était « une sale gouine ». 

Mon frère a toujours du mal à accepter ce que je suis, il pense que je délire, il pense que les homosexuels sont des gens malades qui peuvent aller se faire soigner chez un psy.

J’ai reçu souvent des mails de personnes que je ne connaissais pas qui me proposaient des plans à trois (des hommes notamment).

Certaines femmes  me demandent comment je peux me passer d’un homme ou si je n’ai pas été violée pour faire, je cite, « un choix pareil ».

Je n’ai toujours pas eu le courage de dire la vérité à ma famille, sauf à mon cousin qui est très ouvert d’esprit, parce que j’ai peur que ma mère me mette à la porte auquel cas je n’aurais nulle part où aller.

Une simple ballade à côté de mon amie dans le vieux quartier de Lyon, et un ouvrier sortant de sa camionnette qui nous lance une fois le dos tourné « sales gouines ! »

Interpellées par un groupe de jeunes hommes, insultes homophobes, puis le groupe nous propose élégamment de venir les sucer !

En sortant d'un bar, mon amie et moi nous enlaçons simplement dans une rue calme, un peu à l'écart. Un groupe d'environ cinq jeunes hommes nous repèrent, nous sifflent, nous traitent de « sales gouines » au loin, puis commence à nous poursuivre, nous avons du prendre la fuite.

Scène banale de la vie de tous les jours, tout récemment, au restaurant avec ma compagne. Nous parlons, rions, elle pose sa main sur la mienne un court instant. Un groupe de clients de la table voisine nous regarde. Au moment de partir, un homme de la table interpelle mon amie, puis dit tout haut dans notre dos : « on voit vraiment de tout ici ! »

Je fais fréquemment la cible d'insultes, de la part de la gente masculine principalement, qui aimerait me « montrer ce qu'est une vraie bite », comme si j'aimais les filles/gouines/trans par dépit des hommes, et non pas pour ces personnes elles-mêmes.

Quotidiennement ou presque, en rentrant chez moi, dans la rue, seule la plupart du temps, des insultes et des crachats par des groupes d'adolescents, dans un quartier dit « qui craint » : « Sale gouine », « gouinasse », « j’vais te casser tes pattes arrières », etc.

Je rédigeais un mémoire sur la prise en charge infirmière des personnes atteintes de VIH. Réflexions à plusieurs reprises de la cadre enseignante responsable de l'évaluation de mon mémoire : « ça ne m'étonne pas que vous traitiez de ces gens, des déviants sexuels comme vous », « c'est un châtiment qui n'arrive pas par hasard ».

Soirée arrosée pour mon anniversaire, avec ma meilleure amie, son homme, et d'autres amis. Alors que je m'éloigne un peu à l'écart de l'agitation de la fête pour méditer, le mec de ma meilleure amie me rejoint. Puisque je refuse ses avances, il devient agressif, me frappe à plusieurs reprises, me maintient au sol, essaye de me violer puisque « t'attends que ça salope, je vais te montrer ce que c'est une vraie bite, tu m'allumes depuis le début, je sais que t'en as envie »

Suite à de très violentes douleurs ovariennes, je file aux urgences dans un petit CHU de campagne. L'équipe soignante nous appelle ma femme et moi « messieurs », malgré l'évidence du fait que nous sommes 2 femmes. Nous attendons 4h, alors qu'il n'y a personne d'autre. Quand l'équipe décide enfin de nous prendre en charge, alors que je me tors de douleurs, j'aperçois sur la 1ère page de mon dossier de soins « LESBIENNE » marqué en gros au marqueur. C'est donc la 1ère chose que verra l'ambulancier, l'échographe, le médecin, etc.

Je marche dans la rue main dans la main avec ma copine, un groupe de mecs nous suit, « Brouteuses !! Vous aimez brouter des chattes heiiin, salopes !! »

Je marche main dans la main avec ma copine, un groupe de mecs fait un cercle autour de nous, « Moi je vais leur apprendre ce que c’est un homme, elles doivent pas savoir ! » « C’est pas parce que vous avez eu une mauvaise expérience avec un mec qui s’est mal débrouillé que vous devez vous taper des chattes »

Ma mère (qui est au courant que je suis lesbienne), dans la voiture avec son copain, moi à l’arrière, ils parlent d’une fille de leur entourage, qui « traîne aussi toujours avec une fille ». Ma mère : « c’est une brouteuse de minou ça ! » Merci maman !

Je marche dans la rue avec ma copine, un groupe de jeune nous prend à parti, nous insulte et l'un d'eux me bouscule violemment. Ils commencent à nous suivre et nous avons du nous réfugier dans un café avant que les choses dégénèrent.

Dans la rue avec mon amie, un homme nous accoste « alors les filles ? On est lesbienne ? On s'amuse toutes seules ? Venez donc me rejoindre, je vais vous montrer ce que c'est qu'un homme ». Il nous a attrapés et poursuivit sur plusieurs centaines de mètres avant que nous le semions enfin !

Chez le gynéco, je dis au médecin que j'ai des rapports sexuels avec des femmes, il me dévisage et me répond «  Mais c'est seulement les rapports avec les hommes qui m'intéressent ! Vous avez été dégoûtée des hommes c'est ça ? » J'avais pourtant des questions sur ma sexualité...je les ai gardées pour moi !

J'ai 16 ans et je suis lesbienne, ma famille l'a « accepté » enfin je n'ai pas subi d'insultes ou de violences lors de mon coming-out. Cependant, mes proches profitent souvent des disputes familiales pour m'insulter de « gouine ». Ma mère est persuadée que c'est à cause de mon père que je suis homosexuelle et que je suis « traumatisée » des hommes.

J'habite dans un immeuble et je ne veux pas que mes voisins soient au courant de mon homosexualité. J'assume le fait d'être lesbienne mais j'ai peur des insultes et des représailles. Donc, lorsque ma copine vient chez moi, nous sommes obligées de nous dire au revoir et de nous embrasser dans mon appartement, bien que nous partions ensemble et que nous faisons le même chemin.

Lorsque mes amies hétéros me disent que la situation des homosexuels a bien évoluée et que nous sommes de mieux en mieux acceptés, je leur demande d'imaginer un instant leur vie si elles étaient à ma place dans des situations courantes de la vie de tous les jours. Un départ sur un quai de gare où on hésite a embrasser sa compagne de peur de choquer, un diner dans un restaurant, où le fait de poser sa main sur celle de sa compagne attirera des regards insistants, une réservation d'hôtel qui devient vite problématique lorsque le couple est du même sexe, sans parler de la sphère professionnelle... En permanence apprendre à ne pas gêner, et vivre le plus discrètement possible, quitte a mentir pour arranger les gens !